Entretien

Sorcières, complexes et idoles : Solann se livre avant le Fnac Live Paris 2025

19 juin 2025
Par Catherine Rochon
Sorcières, complexes et idoles : Solann se livre avant le Fnac Live Paris 2025
©Clémentine Ecobichon

Artiste-conteuse, Solann mêle son néo-folk à un univers mystique fascinant. Sacrée Révélation féminine de l’année aux Victoire de la musique 2025, la jeune chanteuse se confie à l’orée de son concert au festival Fnac Live Paris.

Révélation féminine de l’année aux Victoires de la musique 2025, Solann fait partie de cette nouvelle vague de la pop francophone qui a émergé ces dernières années. Avec son univers onirique aux accents chamaniques, la jeune artiste de 25 ans livre un néo-folk enchanteur, entre instruments acoustiques, textes engagés et voix éthérée. A l’affiche du très attendu festival Fnac Live Paris le 3 juillet prochain, Solann se prépare à présenter un show immersif et sensoriel.

Comment décrirais-tu ton univers musical à quelqu’un qui ne te connaît pas ?

J’appelle ça de la « pop-folk éthérée », ma mère l’appelle de la « pop-folk chelou » (rires). J’aime bien me dire que ce sont des contes mis en musique, avec parfois l’ambiance musicale qui sert l’histoire.

Qui t’a inspiré cette « pop-folk chelou » ?

Fiona Apple, que j’ai découverte à l’adolescence. Sa manière de raconter des histoires m’a marquée. Je suis très fan de la folk de Hozier, de Florence and The Machine. J’ai aussi été beaucoup inspirée par Barbara, avec qui j’ai grandi car mes parents étaient fans, et Anne Sylvestre que ma grand-mère paternelle écoutait beaucoup.  

Le clip de Solann, « Les Ogres »

 Tu te décris comme une « sorcière réconfortante ». Qu’est-ce que ça veut dire ?

C’est venu avec l’envie de résumer qui j’étais quand on a commencé à proposer ma musique. J’ai grandi avec des contes sur les sorcières, et les femmes de ma famille sont très portées sur l’ésotérisme. Tout cela m’a suivie et je m’y retrouve beaucoup. Et puis je voulais faire des chansons qui apaisent les gens.

Pourquoi cette figure de la sorcière est-elle importante pour toi ?

Elle représente une puissance féminine qui me manquait. Petite, je ne me trouvais pas jolie, on me trouvait étrange. La figure de la sorcière m’a aidée et soutenue pendant l’enfance et l’adolescence.

Dans tes chansons, tu parles souvent du regard, de l’image de soi, du corps. As-tu réussi à trouver une forme de paix dans ce rapport-là ?

Cela dépend. J’ai encore beaucoup de mal avec mon corps, surtout quand il faut se montrer. Et parfois, je suis apaisée. Mais c’est un travail de tous les jours.

Tes paroles sont intimes mais elles résonnent chez beaucoup de monde. Comment trouves-tu cet équilibre ?

Je suis loin d’être la seule à les ressentir les frustrations que j’exprime. J’écris pour m’apaiser, et ça touche les autres. Ce n’est pas franchement un « cadeau », parce qu’on n’a pas envie que les choses qui nous blessent touchent tant de monde. Mais cela rassure aussi de ne pas se sentir seule.

Tes racines artistiques viennent du théâtre autant que de la musique. En quoi cela influence ta manière de chanter ?

Sur scène, j’ai gardé un côté un peu théâtral. J’exagère certains traits, ça me rassure. Je suis très timide, donc si je suis « juste moi », ça pourrait être ennuyeux. Le théâtre et la scène musicale sont très différents pour moi. Au théâtre, je me planquais derrière un personnage. Sur scène, même en version exagérée, je reste moi-même.

Tes chansons sont féministes. Est-ce important pour toi de t’engager ?

Non seulement c’est important, mais je pense qu’un artiste doit vivre avec son temps. Un.e artiste qui vit avec son temps est politique, engagé. Sinon, j’aurais l’impression de ne faire que du divertissement. Et ça m’embêterait, parce que je pense aux luttes de mes ancêtres, et je ne crois pas qu’elles et ils seraient très contents…

Qu’est-ce que ta Victoire de la musique a changé pour toi ?

Pas grand-chose, en vrai dire. Disopns que j’avais déjà prévu de partir en résidence pour travailler le concert, puis de partir en tournée. Tout s’est enchaîné comme prévu, donc je n’ai eu le temps de réaliser. J’étais épuisée, je n’ai pas vraiment compris ce qui s’est passé.

Avec qui rêverais-tu de collaborer ?

Stromae, définitivement. C’est une grande inspiration pour moi, même si c’est un rêve lointain. Il y a aussi Tamino aussi, Yvoire… Je suis trop heureuse d’être avec Iliona au Fnac Live Paris. J’ai poncé son album, il est magnifique. On se connaît un peu, on s’écrit, mais on n’a pas encore eu beaucoup de temps pour discuter. Une collab ? Ce serait sympa !

Tes prochains projets ?

J’ai ma tournée d’été, puis celle de l’automne. Et puis je travaille sur un album, mais il va falloir un peu de temps. C’est dur d’écrire sur la route. En ce moment, j’ai l’impression d’avoir tout dit, j’espère que ça changera.

Qu’est-ce qu’on trouve dans ta playlist quand tu es en tournée ?

Des morceaux qui me suivent depuis très longtemps. Eleanor de The Turtles par exemple, beaucoup de rap aussi en ce moment. Et je réécoute les musiques de mon enfance, comme Renan Luce.

À quoi s’attendre pour ton concert lors du Fnac Live Paris ?

J’ai envie de garder un côté un peu théâtral, de raconter des histoires et d’emporter un peu les gens. Je travaille un concert comme un véritable projet. Il y a beaucoup de sueur et de larmes car je suis un peu une éternelle insatisfaite… Avant, j’étais toute seule dans ma chambre. Là, je dois créer une dynamique, garder l’attention des gens, raconter des histoires par les paroles, la musique, le visuel, les lumières. C’est un casse-tête constant, mais c’est passionnant.

Article rédigé par
Sélection de produits